Retour sur l’exposition » NIGHT FEVER » Les Rencontres d’Arles 2011
« Photospectral est photographe dans l’évènementiel. Il a suivi les soirées Skins , pendant 3 ans. Skins est une série télévisée britannique ou des thèmes plus ou moins controversés tels que l’homosexualité , la promiscuité , le narcissisme , les familles monoparentales et à problèmes , la toxicomanie , l’autisme et la mort sont abordés. C’est trash , tendre et vrai . Culte et kitch.
En France , lorsque Skins vient à la jeunesse , c’est à travers des Skins Party ; Sur le modèle de la série , les skinneurs noient leurs tracs familiaux , scolaires ou sentimentaux dans la fête , l’alcool et les drogues. L’adaptation française s’est portée sur un format particulier ; celui de soirées privées , conçues par des entreprises d’événementiel qui ont eu l’idée de l’accoler à une prise ne charge par l’image , relayée par le web et les réseaux sociaux. La photographie entretient un rapport particulier avec l’évènement , dans la mesure où elle est organisée et intégrée aux soirées. Elle est indissociable de leur organisation , avec des vidéastes et des photographes de la production affectés à la prise de vue. Les participants sollicitent eux-même les photographes , retournant vers eux le miroir et s’empressent de refaire photographier , moyen dédié pour immortaliser leur existence fictive d’une nuit. La back room , n’est pas ici la chambre noire du photographe , mais le lieu de toutes les éclipses , le carrefour des interdits , le sanctuaire informe où se nouent les absences , le retour fugace à soi-même , voire l’abandon provisoire et désiré d’une identité trop matérielle , d’une fusion anonyme , ou d’une inconsciente. Imperméable aux regards , sanctuaire des sensations , elle va révéler ce que personne ne verra jamais.
Dans les Skins Parties , la photographie joue à la fois le rôle de miroir et de témoin. C’est elle qui alimentera les réseaux sociaux de l’issue de la soirée et pérennisera des instants dont chaque participant n’a pas eu vraiment conscience au moment de la prise de vue , des instants médiatisés , publiés , et inaliénables, provoqués aussi. Dans ce monde de vie parallèle , il est plus facile de parler et d’être que dans la vraie vie et rien ne resterait , sans cette photographie , fictive et réelle à la fois. Ces ados vivent en 3D , sur les écrans de leur portable , tout le temps , sur leurs ordinateurs , existence duale à travers les réseaux sociaux, le web , l’image et la musique électro. »